dana hilliot<p>HERBES DE PROVENCE</p><p>Tiens c'est drôle, à la sieste, je me suis rappelé un des épisodes les plus pathétiques de mes jeunes années. Avec Alex et François, on débutait dans la vie pour ainsi dire, entre 16 et 18 ans. Pour fêter mon permis de conduire, on avait filé au Printemps de Bourges pour voir Nick Cave and the bad Seeds (ça devait être en 1986 je suppose) qui jouait en première partie des Pogues (on a vu Nick Cave mais on est parti avant les Pogues 😅 trop mainstream pour nous à l'époque 😅 </p><p>Bref, dans les rues de Bourges, le frangin et Alex se font alpaguer par un dealer, un type, m'expliqueront-ils ensuite, assez bizarre, bien sapé, avec un accent corse (sic). Je ne sais pas ce que je foutais à ce moment, mais plus tard, on se trouve un coin tranquille dans une rue adjacente pour essayer la came : un sachet d'au moins 300 grammes d'herbe, qu'ils avaient acquis pour une somme assez avantageuse. On se roule un tarpet. Et là, après avoir tiré chacun quelques bouffées, je ne sais plus lequel d'entre nous sort : "Vous trouvez pas qu'il y a comme une odeur de thym et de romarin ?"</p><p>Ils avaient acheté 300 grammes d'herbes de Provence, à un prix subitement beaucoup moins avantageux. </p><p>Ni une ni deux, on entreprend de parcourir les rues de la vieille cité de Bourges, envahi de festivaliers, à la recherche du Corse (ou du Marseillais, ou je ne sais qui) dans l'idée d'avoir une petite conversation avec lui.</p><p>On ne l'a jamais retrouvé, par contre, les flics oui, qui nous sont tombés sur le râble avant le concert. Grand moment d'angoisse. Ils nous choppent contre un mur, talkie walkie à la main, ça plaisantait pas. Alex avait glissé le sachet d'herbes de Provence dans une poche intérieure de son perfecto. "Vous avez quoi dans vos poches ?". Heu. On fait mine de chercher. On fait un peu trop mine, avec sans doute trop d'hésitation, les voilà qui entament une fouille au corps, ça pelote avec de grosses mains d'étrangleurs, bande de salopiots. Et y'en a un qui extirpe du paletot d'Alex le fameux sachet, et le brandit d'un air satisfait : "et ça, c'est quoi ?".<br>Et là, je fais : "Ben ce sont des herbes de Provence m'sieur l'Agent. Pour la cuisine quoi. Thym Romarin Sariette"<br>ça gronde : "tu te fous de ma gueule connard ?"<br>il ouvre et sniffe. En prend une pincée. Goûte et fait goûter autour de lui. <br>"Putain, c'est vraiment des herbes de Provence !"</p><p>Cinq minutes plus tard, on se tenait les côtes à force de rire dans une rue un peu plus loin. Pathétique, mais hilarant au bout du compte. Ça valait bien les cent francs qu'on avait bêtement claqué dans l'affaire (et une histoire à raconter pour quand je serais vieux : c'est-à-dire maintenant 😅 </p><p><a href="https://climatejustice.social/tags/pathetique" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>pathetique</span></a> <a href="https://climatejustice.social/tags/funny" class="mention hashtag" rel="nofollow noopener noreferrer" target="_blank">#<span>funny</span></a></p>